CPS : après la bataille de Bhel Khaldur

Après une longue ascension, la petite troupe appartenant à la Compagnie de la Pierre de Sang découvre les horreurs de la bataille de Bhel Khaldur opposant des hommes-rats menés par un seigneur inconnu et les gobelins de Warsligz. Ils trouveront ensuite une porte bien gardée.

Festin funèbre

Shritch ! Shritch ! Le corbeau arrachait frénétiquement la chair. Le tissu noir qui recouvrait la victime était presque entièrement brûlé, laissant un accès facile à la viande, une viande verte partiellement calcinée. Quant aux entrailles, de petits vers avaient déjà fait leur apparition et entamaient leur travail de nettoyage. Tout comme l’oiseau noir, des milliers de corbeaux se délectaient d’innombrables victimes. Des corps verts posaient sur les restes de ce qui semblait être un mur d’enceinte. En contre-bas, autant de corps servaient de nourriture aux charognards de la montagne. Un monticule de cadavres gisait de part et d’autre de l’entrée, une lourde porte en bois complètement éventrée. Des gardes hommes-rats armés de boucliers et d’épées rouillées se hissaient sur le tas de corps inertes, faisant fuir plusieurs corbeaux.

Un de ces corbeaux passa au-dessus de la troupe de nains. Située en hauteur, elle observait le tableau macabre.
– Ça pue la mort ici, se plaint Tovraal.
– Pas étonnant, tu as vu le nombre de morts dans la vallée ? Ha, si tous les gobelins et toutes les vermines pouvaient se massacrer jusqu’au dernier… La haine pouvait se lire dans les yeux de Gofrek alors qu’il regardait les gardes devant la cité naine.
– Tous ces morts… Je crois apercevoir des sortes de rats géants non ? Questionna Borin.
– En effet, répondit Dunmith. Il s’agit d’abominations créées par les ingénieurs hommes-rats, des amalgames de chair et de métal, le tout animé par la magie noire. On peut observer qu’aucun corbeau ne s’attaque à ces monstruosités. Ils ne vous ont pas appris ça à la guilde des guerriers ?
– Et les stigmates dans le mur, ces trous dans la porte, qu’en penses-tu ? Demanda Dolrik le capitaine.
– J’ai bien peur que ce soit le genre d’armes nouvelles dont on parle tant qui a causé ces gros dégâts.
– De quel genre d’arme s’agit-il ? S’exclama Fargrim.
– Du genre qui détonne et qui lance un projectile capable de faire un trou aussi aisément dans la peau que dans le métal, répondit Dunmith.
– Un type d’arme qu’on est venu chercher ici, ajouta Dolrik. Allons, nous ne devons être plus qu’à quelques pas de l’entrée. On ne va pas laisser les gobelins ou les vermines écrire l’histoire.

Le mot magique

Les nains continuèrent leur ascension. La route qui était jusque là un mélange de boue et de neige se poursuivait par des marches taillées dans la pierre qui mènent vers… un mur. Fargrim alla se poser sur une pierre accrochée à ce mur et prit la parole :
– Tout ça pour ça ? On a grimpé toute la montagne pour se retrouver au pied du mur ?
– C’est peut-être plus haut ? Rétorqua Borin.
– Non, c’est bien ici, affirma Dunmith.

L’ingénieur nain commença à tâter le mur sous les yeux étonnés de ses compagnons. Le temps passait et les nains attendaient patiemment. Certains perdaient peu à peu espoir et envisageaient de rentrer à Karak Dharim. Ils ne seraient pas accueillis en héros. D’ailleurs ils devraient sûrement porter la marque du déshonneur ou pire, être bannis de la cité. C’est alors que Dunmith s’exclama soudainement.

– C’est là ! C’est là !
L’ingénieur a mis le doigt sur une petite encoche. Il chercha alors quelque chose dans sa poche et en extrait une pierre noirâtre. Difficile de dire quel type de pierre était-ce, mais lorsqu’il l’apposa dans l’encoche un faisceau de lumière apparu laissant entrevoir une ouverture.
– Il a réussi, dit Dhorgig admiratif.
– C’est pas trop tôt ! Ajouta Gofrek.

Tout à coup, de la neige tomba sur la tête de Fargrim. Un garde de pierre sur lequel le nain était assis s’anima et, d’un geste bref, barra le passage vers la nouvelle porte à l’aide de sa masse géante. Il dit d’une voix roque :
– Le mot magique !