Une requête pour le royaume de Mercia
A Lyonesse, capitale du royaume de Mercia, le roi William Ier convoque ses conseillers. Tous eurent vent du couronnement de Thuberlun Cordefer, nouveau roi de la cité naine de Karak Darhim. Le scribe du roi a un message de sa part et vient l’apporter à la cour.
Une requête impossible ?
Théodor monte les escaliers du château d’un air inquiet. Arrivé en haut et après une briève salutation, deux imposants gardes armés de hallebardes lui ouvrent une porte de bois renforcée. Théodor, le scribe du roi, continue sa route d’un air grave et rejoint sa majesté et ses conseillers à la table.
– Les nouvelles sont-elles aussi mauvaises que votre faciès le suggère ? Demanda William Ier.
– Ce sera à vous d’en juger. Je vous porte ici une lettre écrite par le nouveau roi de Karak Darhim, Thuberlun Cordefer.
– Alors, que dit cette nouvelle tête dure.
Le roi William Ier se saisit du parchemin, le déroula délicatement puis entama une lecture silencieuse. Il s’agissait là d’une réponse du roi nain à une précédente lettre envoyée par le roi de Mercia dans laquelle ce dernier félicita le récent couronnement de Thuberlun Cordefer. C’est une coutume entre les deux royaumes qui s’apprécient mutuellement malgré, parfois, quelques tensions. Après de longues minutes de lecture, William Ier fini par commenter la lettre.
– Décidément, ce Thuberlun Cordefer n’est pas un roi comme les autres. Il ne compte pas rester assis sur son trône comme ses prédécesseurs.
– Que souhaite-t-il réellement ? Demanda hâtivement l’un de ses conseillers.
– En un mot, la guerre répondit le roi.
– La guerre !? S’écria un autre conseiller. Mais contre qui ?
– Tous les ennemis des nains.
Un débat bruyant s’ensuivit durant lequel les conseillers appuyèrent d’abord sur le fait que le roi nain avait perdu la tête et qu’il ne disposait pas des moyens à la hauteur de ses ambitions. Vint ensuite l’état du royaume. Les coffres ne sont guère bien remplis et la menace de raids de la part des elfes noirs sur les côtes est toujours présente. La population ne pourra pas accepter un impôt supplémentaire tant les récoltes ont été mauvaises cette année. L’un des conseillers jugea qu’il était préférable de ne pas se laisser entraîner dans une guerre dont l’issue est trop imprévisible.
De belles opportunités
Sa majesté William Ier acquiesça ce genre de parole remplie de sagesse, mais… Mais le roi de Mercia voyait les choses autrement et surtout il a conscience que Thuberlun sait que les humains leur doivent beaucoup dans la défense de leur royaume. Il serait alors malvenue de sa part de refuser catégoriquement quoi que ce soit. De plus, cette guerre serait une opportunité de voir les brigands et autres gnolls repoussés loin des frontières du royaume. Ce serait également un moyen d’ouvrir à nouveau la route marchande. Autrefois, cette route était empruntée par des centaines de marchands et voyageurs, de nombreux royaumes disposaient de comptoirs et le commerce profitait à tous. Aujourd’hui, les places fortes sont disputées entre les hommes-rats et les gobelins, sans parler du banditisme croissant dans la région. Ce serait une chance immense pour le royaume de Mercia de pouvoir ouvrir à nouveau cette route commerciale.
Cette idée ne plaisait guère aux conseillers, c’est alors que Théodor prit la parole.
– Et si on envoyait Edgard ?
– Mon fils ? S’exclama William Ier qui ne s’attendait pas à une telle proposition. Je l’ai élevé comme un prince et il se comporte maintenant comme un paria.
Le brouhaha reprit entre les conseillers qui étaient visiblement en désaccord avec cette nouvelle suggestion. En effet, le prince Edgard a été rejeté de la cour il y a fort longtemps pour non obéissance aux ordres. Le scribe ajouta alors.
– S’il est vrai que le prince a combattu aux côtés de pirates, il est aussi vrai qu’il a connu de brillantes victoires. Il pourrait prendre le port de Caister, ce serait l’occasion pour lui de se racheter, d’amasser de l’or et d’avoir une nouvelle base pour ses compagnons.
Le roi poursuivit son idée.
– Et de là nous pourrions mener des expéditions pour sécuriser la route marchande et virer la vermine.
– Ce ne sera pas chose aisée, les hommes-rats sont nombreux et coriaces dit un conseiller.